PFAS : Depuis 1970, les études se suivent et aboutissent aux memes conclusions sur la santé…

Depuis le début des années 70, date de la démocratisation de l’utilisation industrielle des PFAS dans la fabrication de nombreux produits de consommation courante, un grand nombre d’études sont parues partout dans le monde. Elles aboutissent globalement toutes aux mêmes conclusions s’agissant de la persistance de ces polluants dans l’environnement et leurs effets sur notre santé. Nous avons retenu celles qui nous sont apparues comme les plus citées et détaillées afin de vous en présenter les résultats majeurs.

Les études et rapports majeurs

Rapports du C8 Science Panel

Contexte et méthodologie :
Suite à la contamination par le PFOA autour de l’usine DuPont dans le Mid‑Ohio Valley, le C8 Science Panel a été mandaté pour étudier les liens entre l’exposition à cette substance et divers problèmes de santé. L’analyse s’est appuyée sur de vastes données épidémiologiques collectées auprès de la population locale, permettant d’établir des courbes dose-réponse.

Résultats principaux :

• Cancers du rein et du testicule :
  • Cancer du rein : Les données indiquent qu’une exposition élevée au PFOA est associée à une augmentation du risque de cancer du rein pouvant être de l’ordre de 1,5 fois (soit une hausse de 50 %) par rapport aux personnes présentant une faible exposition.
  • Cancer testiculaire : Le risque de cancer testiculaire semble être multiplié par deux (augmentation de 100 %) chez les personnes ayant les niveaux les plus élevés de PFOA comparé à celles peu exposées.

• Autres affections :
  • Des associations ont également été relevées entre l’exposition au PFOA et des troubles thyroïdiens, l’hypercholestérolémie et l’hypertension liée à la grossesse.
  • Des indications en faveur d’effets inflammatoires, par exemple l’ulcère colique, ont été mentionnées, bien que les mécanismes précis restent à approfondir.

Étude de Barry et al. (2013)

Contexte et méthodologie :
Cette étude longitudinale a évalué l’incidence de cancers chez des adultes vivant à proximité d’une installation industrielle émettant du PFOA. L’analyse dose-réponse a permis de quantifier l’augmentation du risque en fonction de la concentration sérique de PFOA.

Résultats principaux :

• Cancers spécifiquement identifiés :
  • Les analyses ont particulièrement mis en avant le cancer du rein et le cancer testiculaire.

• Chiffres et associations :
  • Chaque doublement de la concentration sérique de PFOA était associé à une augmentation du risque de cancer du rein de l’ordre de 20 à 30 %.
  • Pour le cancer testiculaire, les personnes se trouvant dans le quartile supérieur d’exposition présentaient un risque environ deux fois plus élevé que celles du quartile inférieur.

Ces résultats renforcent l’idée d’un lien dose-réponse, ce qui soutient la causalité potentielle entre l’exposition au PFOA et le développement de ces cancers.

Étude de Steenland et al. (2009)

Contexte et méthodologie :
Cette étude s’est intéressée à l’association entre les concentrations sériques de PFOA et de PFOS et le profil lipidique chez des adultes résidant à proximité d’une usine chimique.

Résultats principaux :

• Dyslipidémie :
  • Il a été observé qu’un doublement de la concentration sérique de PFOA était associé à une augmentation statistiquement significative du cholestérol total et du LDL (cholestérol « mauvais »).
  • Bien que les variations en valeur absolue soient modestes (par exemple, une hausse de l’ordre de 1 à 3 mg/dL), elles peuvent représenter un facteur de risque supplémentaire dans une population exposée sur le long terme.

Étude de Grandjean et al. (2012)

Contexte et méthodologie :
Cette étude a porté sur l’impact de l’exposition aux PFAS sur le système immunitaire chez des enfants, en évaluant la réponse vaccinale à différents antigènes.

Résultats principaux :

• Immunotoxicité :
  • Les enfants se situant dans le quartile supérieur d’exposition présentaient une diminution de l’efficacité vaccinale.
  • Par exemple, certains marqueurs ont révélé une baisse des concentrations d’anticorps de l’ordre de 30 à 40 % par rapport aux enfants moins exposés, ce qui pourrait compromettre la protection conférée par la vaccination.

Rapports et études en Italie (ISS et ARPA)

Contexte et méthodologie :
En Italie, l’Istituto Superiore di Sanità (ISS) et plusieurs agences régionales de protection de l’environnement (telles qu’ARPA Lombardia ou ARPA Veneto) ont réalisé des enquêtes épidémiologiques dans des zones contaminées par les PFAS.

Résultats principaux :

• Contamination régionale et corrélations sanitaires :
  • Les rapports confirment la présence de PFAS dans certaines zones, avec des niveaux mesurés parfois supérieurs aux seuils recommandés par les autorités sanitaires.
  • Des associations ont été relevées entre l’exposition aux PFAS et des perturbations endocriniennes, des anomalies du métabolisme lipidique ainsi que d’autres dysfonctionnements métaboliques.
• Ces études soulignent l’importance d’une surveillance locale continue afin de mieux quantifier les risques et d’initier des mesures préventives adaptées.

En résumé

L’ensemble des travaux présentés converge vers plusieurs constats importants :

• Association avec certains cancers :
  • Cancer du rein et cancer testiculaire :
    Les études (notamment celles du C8 Science Panel et de Barry et al.) mettent en évidence une augmentation significative du risque de ces cancers en fonction de l’exposition au PFOA.
    • Le risque de cancer testiculaire peut être doublé chez les personnes fortement exposées, tandis que le risque de cancer du rein semble augmenter d’environ 50 %.
• Effets sur le métabolisme lipidique :
  • Même si l’augmentation des taux de cholestérol observée par l’étude de Steenland et al. est modeste en valeur absolue, elle représente néanmoins un facteur de risque cumulatif pour les maladies cardiovasculaires dans les populations chroniquement exposées.
• Perturbation de la réponse immunitaire :
  • La réduction de 30 à 40 % des concentrations d’anticorps chez les enfants fortement exposés (Grandjean et al.) suggère que les PFAS pourraient compromettre l’efficacité des vaccinations et, par conséquent, la protection contre certaines maladies infectieuses.
• Hétérogénéité des expositions et des effets :
  • Les différences observées selon les régions (par exemple, entre les données américaines et italiennes) soulignent la nécessité d’études locales détaillées pour adapter les stratégies de prévention et de régulation.

Pour information la plus vieille étude rendue publique est l’étude dirigée par Butenhoff et al. (1979). Elle est fréquemment mentionnée dans les dossiers judiciaires pour démontrer que l’on connaissait déjà, dès cette période, des effets indésirables sur la santé liés à l’exposition aux PFAS.